Témoignage

 Bonjour !

Je m'appelle Séverine et j'ai 37 ans. Diagnostiquée bipolaire en 2010 et sous médicament seulement depuis 2 ans.
Originaire du Sud Ouest de la France à Castres, je n'ai jamais avoué à mes parents que je voulais devenir une artiste.
Le fait de ne pas le dire a provoqué des crises de bouffées délirantes aigues, la plus sévère en 2015.
Pour plaire à mes parents, j'ai fait des études en gestion d'entreprise. Première année en Prépa HEC, DUT GEA, Licence en Institut d'études politiques et pour finir une Licence Professionnelle "Animateur Qualité". J'ai échoué mes études car j'étais malade sans le savoir.
Je sortais souvent, je buvais beaucoup et je fumais des joints.
Entre phases maniaques et dépressives, je voyais régulièrement des psychiatres qui n'ont jamais posé de diagnostic. Des idées suicidaires en phase down et des crises mystiques en phase up. J'avais l'impression d’avoir une mission sur terre.
En 2002, à Marseille j’allais à l’église et j'avais l’impression qu'il fallait combattre des ennemis pour empêcher que la 3ème guerre mondiale n’arrive. Je parlais beaucoup aux inconnus et je voyais des signes dans les plaques d'immatriculation de voitures. Des messages codés et il fallait absolument que je les déchiffre. Mon cerveau était en ébullition et je n'arrivais plus à dormir.
Ma première hospitalisation a eu lieu lorsque j'avais 23 ans. Lors de mon stage dans une maison de convalescence, j'ai eu une relation amoureuse avec un patient qui était sans abri en cure de désintoxication. Il me faisait rêver car il venait de Paris. Mon désir d'artiste était lié.
Un soir, alors que le patient découchait dans ma chambre, un médecin frappe à la porte et m'annonce que mes parents et que le directeur de la maison de convalescence étaient là. Dans une colère euphorique, j’ai pris le téléphone et j’ai appelé la police. J’ai porté main courante contre mon père. Aujourd’hui je le regrette.
À l’hôpital, ils m'ont donné beaucoup de médicaments. Je suis restée une semaine dans une chambre sans biens personnels. L'autre semaine, j'étais beaucoup plus libre. J'avais un plan en tête : monter à Paris.
2 semaines d'hospitalisation en procédure HDT qui n'ont servi à rien car aucun diagnostic n'a été posé. Une fois sortie de l’hôpital, j'annonçais a ma mère que je partais vivre avec le patient qui lui allait s’évader de la maison de convalescence. En furie, je suis partie le rejoindre. Nous avons vécu un an ensemble. J'ai pris des risques inconsidérés : conduite, drogues. J'ai gaspillé beaucoup d'argent. Je me suis éloignée de ma famille. Nous avons vécu dans la rue à Paris puis en Bretagne. Notre idylle est morte dans le sud de la France en Aveyron. Un matin il n’était plus là.
J'ai eu des problèmes financiers. Ma seule solution, trouver du travail. J'ai donc travaillé au sein d'une entreprise agro-alimentaire dans le fromage en tant qu'assistante commerciale.
3 années stables, car j'avais arrêté les drogues.
Mais j’ai rencontré Mathieu en 2005. En 2007, Nous avons quitté le Sud Ouest pour Paris car il avait obtenu un CDI chez Sanofi en tant qu'attaché de recherche clinique. Mon rêve de Paris a refait surface.
La chance a fait que j'ai travaillé pendant 4 ans au sein du siège de Coca Cola à Issy les Moulineaux. J'ai dépassé mes limites. Je me suis donnée corps et âme dans le travail. Petit à petit, ma relation avec Mathieu s’est détériorée. Nous avons vécu un avortement. Il ne voulait pas le garder. J’ai commencé petit à petit à tomber en dépression . Jusqu’au jour où je tombe sur 34 pages de mails m'annonçant qu’il me trompait avec sa secrétaire. La seule issue était de partir. Je suivais une thérapie comportementale et cognitive avec une psychologue qui avait travaillé avec le grand psychiatre Christophe André. La seule issue était de partir.
J’ai perdu tous mes repères. On m'enlevait l’homme avec qui je croyais me marier, on m'a enlevé mon enfant. J'ai tout perdu.
J'ai alors commencé à dénigrer mon travail. J'avais l'impression que je travaillais dans une secte rempli de nazis. J'écoutais en boucle de la musique.
Je me suis séparée et j’ai vécu à Bievres dans l’Essonne. J'ai alors vécu un phase maniaque qui a duré plusieurs mois. Je me suis coupée de tout : je dessinais frénétiquement, j’écrivais beaucoup, j’avais l’impression d’entendre des voix, j’étais en lien avec les Pyramides d’Égypte. J’étais en lien avec la nature, l’oiseau de la Pie pour moi était un lien magique comme Audrey Tautou dans le film « le Long dimanche de fiançailles ». J'ai commencé à avoir des crises mystiques. Je croyais aux anges, aux démons, à la numérologie. J’ai commencé alors à me renseigner sur la physique quantique, à la théorie des cordes. J’avais l’impression que je devais décoder un code qui allait sauvait l'humanité. J’ai commencé à connaître des états de transe, je tremblait énormément. J’ai alors connu un livre qui a bouleversé ma vie.
J’ai fait l'expérience de l’écriture automatique. C’était en 2010, l’année où le diagnostic est tombé.
Dans cette écriture automatique était écrit :
Personne ne doit te dire le contraire
Je suis là pour te guider
Poésie
Je pense que le temps est venu pour toi
Génèse
Ne fasse que le bien autour
Tu dois guider génèse
Je suis venu te parler de la vie
Je dois te guider vers le salut
Le don de toi
Le don d’écouter la pluie
La pluie est le signe de la vie parce qu'elle veut de ton bien
La pluie doit te permettre de grandir
Je peux te le dire la Sève est prête
Ecrire
Je peux te le dire que la vie est génèse
Le message est le suivant : tu dois guider génèse
Je peux te le dire le temps est venu pour toi de partir
Jésus est là pour te guider vers la lumière
Écouter le don de parler et d’écouter
Est la lumière de la terre
Je suis là pour te montrer le chemin
Ne sois pas pressée
L’écriture elle peut te servir
Nature ne laisse pas le temps
Le temps oublié
Je suis et j'inspire, je suis et j’expire
Je suis et je protège pour te rendre belle
Ne laisse pas le temps
Je laisse les autres faire
Je prie le Seigneur me guider
Ne laisse pas le temps s'écouler
Je suis là lumière, je suis le courage nécessaire
Nature est le vide
Autour de moi, je suis et j’inspire, je suis et j'expire
Le temps te dira, le temps te guidera, le temps te poursuivra
Je suis et j'inspire, je suis et je persiste
Je suis et j’oublies le passé et le futur
Je prie tous les jours
Je suis et j'oublies
Je suis le guide, je suis le monde, je suis là lumière
Je prie la terre notre mère
Les brillantes
Je pense que tu devrais te diriger vers la nature, le temps est venu pour toi
Ne laisse pas les autres te guider, ne laisse pas la peur te submerger, ne laisse plus le monde sans toi
Je suis là n’aies pas peur
Le langage du cœur est le suivant : je suis et j’inspire, je suis et j’expire
Le souffle du vent, la sphère est là, la lune est pleine de lumière
Le dessin et la musique
Surnaturel est l’évidence, surnaturel est la plénitude et la pluie
Je cherche et je trouve
Je suis venu te dire que la vie est longue
Je ne suis pas sûre de dire la vérité aux autres parce que la nuit…
La vie est longue et le temps te dira
Je suis là pour te guider je suis là pour te montrer
Prie prie la terre qui se meurt
Les autres ne plus jamais les écouter
Je suis là pour te dire : prier prier
Je suis là pour guider les anges de la liberté
J’étais en arrêt maladie lorsque j ai écrit cela. Mon arrêt maladie a duré neuf mois. Coca cola m’a proposé une rupture conventionnelle. Je n’ai pas refusé.
J’avais l’impression que je communiquais avec les esprits. J’avais l’impression de communiquer avec Dieu et Jésus. J'ai perdu pied. Je n'ai jamais été élevée dans la religion. Le seul fait marquant de ma vie fut la mort de ma meilleure amie dans un accident de voiture lorsque j’avais 15 ans. La même année j'ai perdu mon grand père le lendemain de mon anniversaire.
Ma mère m’a prêté "le Livre de la Vie et de la Mort" de Sogyal Rinpoche, moine Tibétain. J'ai forgé mes propres croyances comme croire en la réincarnation. Je préférais me dire que ma meilleure amie allait se réincarnait…
A la suite de cette écriture, je voulais devenir sophrologue. Je voulais sauver l’humanité. Je voulais devenir artiste. J’ai même postulé pour des écoles d’art. Je me suis introduis dans le monde du graffiti. Je voulais rentrer dans les ordres. J'avais beaucoup de projets en tête. J’étais en pleine phase maniaque.
La Grâce à fait que j’ai eu la chance de participer au clip de « Jouer Dehors » de Mademoiselle K réalisé par Rodolphe Pauly au Bus Palladium. J’étais figurante pendant 3 jours. Je pouvais enfin réaliser mon projet de devenir artiste. Cette chanteuse m'a permis de transcender ma souffrance lié à l’avortement grâce à sa chanson « alors je dessine ». Ce furent les plus beaux moments de ma vie mais aussi les plus douloureux. Une fois la tournée de Mademoiselle K finie au Bataclan, je suis tombée en dépression.
J'ai alors pris contact avec un psychiatre. Il m'a diagnostiqué bipolaire. J’ai pris peur. J’ai refusé la maladie qui pour moi était une maladie inventée par la société. J’ai refusé de prendre le traitement.
Mes parents voyaient que cela n'allait pas. J'ai quitté Paris pour Castres. A 30 ans, je me retrouvais à vivre chez mes parents sans boulot. L’échec total, surtout après Coca cola. J’étais coupée de tout loin de Paris. Plus d’amis, plus rien.
Grâce aux réseaux sociaux, j’ai gardé contact avec Louis, lui aussi bipolaire, rencontré au clip de Mademoiselle K. Il m’a beaucoup soutenu.
On désire alors de se revoir. il habitait avec sa femme à Rouen.
On a passé tous les 3 un weekend ensemble. Louis m'annonce alors une tragédie le lundi : sa femme était morte d’une rupture d' anévrisme dans ses bras. Il était anéanti. Il a voulu que je l’aide à traverser le deuil. En tant que bipolaire, Louis n’a pas voulu se faire aider pour surmonter son deuil. Nous nous sommes beaucoup rapproché et nous avons vécu ensemble pendant 2 ans. Ce fut une des expériences les pires de ma vie. Il était violent, paranoïaque et jaloux. Un jour, je me suis retrouvée dans ses bras avec un couteau sous la gorge. Pourtant, je l'admirais. Louis était un guitariste talentueux. Nous avons même écrit une chanson ensemble. Nous avons pris beaucoup de risques : dépenser beaucoup d’argent, conduite dangereuse, drogues. C’était une histoire surréaliste. Pour nous, c’était les autres qui étaient fous. Mais si, mais non… Au fur et à mesure, nous nous sommes éloignés. C’était juste une descente aux enfers. Les crises de violence et de colère de Louis étaient de plus en fréquentes. On devait stopper la relation.
Pendant la même période, j'ai eu plusieurs boulots en CDD et en intérim mais rien de solide. Je souffrais beaucoup de mon échec parisien jusqu’à des pensées suicidaires qui vous collent dès le matin.
Tout le monde me disait que Paris était trop dangereux pour moi à cause de la maladie. Je devais faire une croix sur mon passé. Pas si facile.
J’ai alors commencé à prendre des cours de peinture. J’ai adoré faire de l'abstrait. La peinture m’a permis de créer des mondes parallèles, imaginaires et ésotériques. Pour moi, c’était une béquille. Un monde où je pouvais m’évader et fuir ma triste réalité.
Je souffrais énormément de mes petits boulots et je voulais conjurer le sort. J’ai alors commencé à chercher du boulot sur Paris. Lustucru m'a proposé un CDI en 2013 à Boulogne Billancourt. Pour moi c’était du pain béni comme une résurrection.
Je me suis complètement investie dans mon travail. J’ai alors rencontré Alan lors d'une session de graffiti à la MJC de Saint Denis. Comme deux aimants. Il est devenu un ami. J’étais heureuse. J'étais bien, tellement bien que je n'ai pas réussi à gérer. J’avais des excès d’euphorie et mon désir d’artiste refaisait surface.
L'hiver 2015 a été un point clef. Les attentats de Charlie Hebdo m'ont complètement bouleversé. J’avais l’impression que j’étais suivie par les RG. Je parlais aux inconnus dans la rue, j’ai fait rentré des gens chez moi qui m'ont cambriolé. Je ne dormais plus. J’ai commencé a déconnecter de la réalité. J’ai suivi des gens dans le métro en les insultant de RG. Pour moi, ils complotaient avec Manuel Valls. J’ai même été virée d’une gare à Paris par la sécurité.
J’avais l’impression d’être comme dans un film. J’embrassais les arbres dans la rue. J’avais l’impression que J allais mourir. J’entendais des voix et j’avais des hallucinations. Je voyais des démons comme dans les bandes dessiné. J’avais l’impression qu’on voulait me fusiller. Je me frappais toute seule. Mes parents m’ont récupéré en pyjama dans la rue pied nus, maquillée partout.
Il était temps d’aller à l'hôpital. Ils m’ont amené à L’Hôpital de Castres aux urgences. Je me suis débattue avec la perfusion. Le lendemain je me suis réveillée attachée au lit. Ils m’ont transféré à l'hôpital psychiatrique de Lavaur. Pendant une semaine je suis restée en pyjama. Je n’avais pas le droit de téléphoner ni de sortir. Ils m’ont donné un traitement de cheval. J’avais impression d’être dans le film « le vol au dessus d’un nid de coucou ».
Cette fois ci, j’ai vraiment pris conscience de ma maladie. J’étais allais trop loin et ce depuis longtemps. Depuis le diagnostic en 2010, nous étions en 2015. Je voyais le mal que je faisais à mon entourage de part mes excès. J’ai pris la décision de me soigner même s’il fallait que ce soit à vie. A l’hôpital, j’ai vraiment vu la folie dans les yeux et je lui ai dit : tu ne m’auras pas. Je suis restée 15 jours à l’hôpital et j'ai du passer devant un juge.
J’ai réussi à reprendre mon travail chez Lustucru. D'abord à mi temps puis à plein temps. Cela fait 2 ans que je suis stable. Cela a été long, douloureux. Mais aujourd’hui, je suis dans l’équilibre de la vie. Le fait de prendre le traitement me rassure aujourd’hui. J’ai perdu beaucoup de temps dans ma vie.
Mais toutes mes expériences m’ont permis de comprendre que la maladie doit être mon alliée, ma force. Il n’y a pas de mots pour décrire mon ressenti. Et c’est très difficile pour moi de vous retranscrire mon histoire, tellement tortueuse. Ce qui m'a fait le plus mal et ce qui me fait le plus mal aujourd’hui, ce sont les jugements des gens. J’ai perdu beaucoup d’amis avec la maladie.
Mais des fois j’ai envie de crier « Je vous emmerde ».

Article témoignage : " Récupération de l'enfer mental - Grâce à la connexion, à l'espoir et à la médecine"

 " J'aurai toujours un trouble bipolaire. Le trouble est une partie inextricable de la conception physique de mon cerveau. Et il n'y a pas de remède connu. Pourtant, le trouble bipolaire peut être géré efficacement et les personnes atteintes de trouble bipolaire peuvent vivre une vie saine, heureuse, épanouissante et réussie - j'en suis la preuve vivante".

Article témoignage : " Récupération de l'enfer mental - Grâce à la connexion, à l'espoir et à la médecine"
Auteur : Gregg F. Martin, PhD, US Army (retraité)
"Mon fils aîné Phillip insiste sur le fait qu'une différence majeure entre mon propre cas de trouble bipolaire et des millions de cas d'autres est que j'ai eu la chance de récupérer. En effet, j'étais en vie et j'ai récupéré avec mon mariage et ma famille intacts, une pension, des soins médicaux, aucune dépendance et aucun casier judiciaire.
Bien que je comprenne que j'ai travaillé dur pour gagner ces avantages, des millions d'Américains sont loin d'avoir autant de chance que moi. Le plus important est le fait que même avec ces avantages, mon rétablissement a pris de nombreuses années, et pendant deux de ces années, j'étais en grande partie invalide et pratiquement sous assistance respiratoire.
Connexions et espoir
Mon rétablissement n'aurait tout simplement pas pu se produire sans une myriade d'acteurs volontaires, d'institutions compatissantes et les réseaux entre ces acteurs et institutions. Quand je n'étais pas assez, la famille m'a sauvé. Quand la famille ne suffisait pas, les amis aidaient. Quand les amis faisaient tout ce qu'ils pouvaient, les institutions étaient nécessaires. Quand les institutions ont fait tout ce qu'elles ont pu, c'est à nouveau la famille qui est intervenue.
Au premier rang de ces acteurs se trouvaient ma femme et des membres de ma famille proche qui refusaient de m'abandonner. Ma femme appelle son secret le mot « P », pour la persévérance. Elle a juste continué, un pied devant l'autre, un jour à la fois, alors que j'étais en grande partie dans un état de zombie. Elle vivait d'espoir.
Après un an de délires paranoïaques, mon plus jeune fils Conor m'a confronté et m'a poussé, encore une fois, à appeler l'un de mes anciens collègues les plus proches et dernier patron - un général trois étoiles - pour lui faire confirmer ou nier que j'étais justifié dans ma psychose. croyance que j'étais sous surveillance secrète et que j'allais être arrêté.
Lorsque mon vieil ami et patron, le lieutenant-général Tom Bostick, a entendu ce que je lui demandais, il était choqué d'incrédulité et a travaillé rapidement pour me mettre en contact avec d'autres options de soins médicaux.
Pendant près de 15 mois, j'avais été trop terrifié et déprimé pour poser cette question, craignant que mon enquête n'accélère mon arrestation et ma condamnation. J'ai eu besoin de quelques conversations avec d'anciens collègues pour croire leurs assurances, mais une fois que je me suis permis de leur faire confiance, mes délires se sont estompés, même si ma dépression a continué à me tenir dans son emprise inflexible. J'avais une lueur d'espoir.
Je suis à jamais redevable à mon fils pour cette poussée supplémentaire dont j'avais besoin pour commencer à ré-engager la réalité ; et l'empathie de mon ami et me poussant à obtenir plus d'aide médicale. Mon ancien patron et ami, ainsi que d'autres hauts dirigeants de l'armée, ne m'ont jamais abandonné et m'ont traité comme un camarade blessé. Ils ont continué à me soutenir, moi et ma famille. Et ils ont été à la hauteur du Soldier Creed de "ne jamais laisser un camarade tombé au combat".
Deuxièmement, il y avait un autre ancien collègue, camarade d'armée et ami avec qui j'avais servi étroitement pendant des années. Bien que ma famille m'ait soutenu, s'assurant efficacement que je respirais et mangeais toujours sans m'abandonner, eux et moi n'étions pas suffisants pour m'aider à obtenir le niveau approprié de traitement médical professionnel. Je voyais un médecin local, mais l'ajustement n'était pas correct et la confiance n'était pas au rendez-vous.
Mon grand ami, le colonel (à la retraite) Bill Barko, s'est rendu compte qu'une intervention plus sérieuse était nécessaire. J'avais besoin de soins hospitaliers, à la fois les bons soins hospitaliers et la bonne équipe. Il a contribué à ce que cela se produise. Il a été implacable pour faciliter et essentiellement tenir ma femme et mes mains pour me faire entrer dans l'hôpital VA particulier qu'il avait en tête. Parfois, nous avons besoin d'un coup de main.
Ma famille et mes relations avec l'armée ont toujours eu de l'espoir, ce qui m'a ensuite donné de l'espoir.
Traitement médical professionnel
Il n'est pas exagéré de proclamer que le personnel de l'hôpital des anciens combattants (VA) de White River Junction, dans le Vermont — où mon ami m'a aidé à me rendre, et où j'ai vécu pendant six semaines, deux semaines en tant que patient hospitalisé et quatre autres sur le campus en ambulatoire — m'a sauvé la vie.
Le traitement des patients hospitalisés VA a changé la donne. Mon équipe VA et moi avons essayé différents médicaments, psychothérapie, thérapie par électrochocs (14 traitements), conseil d'aumônier, conseil matrimonial et plus encore. Mais encore une fois, ma dépression était insoluble. Même avec des soins de classe mondiale, je suis resté profondément déprimé et surtout désespéré.
Bien que cela me fasse mal d'écrire ceci, mon automédication de longue date de la prière et la lecture et la récitation de puissants versets bibliques, ainsi que l'écoute de la musique religieuse inspirante et de la pensée positive qui m'avaient élevé et renforcé toute ma vie, m'avaient peu d'effet sur mon humeur dépressive. L'exercice non plus.
Mais la grâce de Dieu allait bientôt me relever et sortir de la dépression grâce à l'expertise des professionnels de la médecine VA et aux merveilles de la médecine et de la science modernes.
Exaspérée par ma dépression apparemment sans fin, ma femme déterminée a persévéré pour me pousser, moi et mon psychiatre, à essayer une intervention pharmaceutique plus forte. En août 2016, plus de deux ans après que la manie ait brisé ma carrière dans l'armée, mon médecin et moi avons convenu de commencer le carbonate de lithium, un sel naturel et un stabilisateur d'humeur éprouvé pour le trouble bipolaire. Malheureusement, le lithium s'accompagne d'effets secondaires importants, que jusqu'alors mes médecins et moi ne voulions pas risquer.
Étonnamment, moins d'une semaine après avoir commencé au lithium, j'ai commencé à me sentir mieux. Je sortais du gouffre sombre de la dépression. Bientôt, j'ai eu une nouvelle énergie et un nouvel espoir et j'ai recommencé à profiter de ma vie.
Le lithium a aidé à construire un plancher et un plafond à l'intérieur de mon cerveau : un plancher pour m'empêcher de retomber dans la dépression et un plafond pour m'empêcher de replonger dans la manie. Presque comme une sorte de solution miracle, le lithium a fonctionné - et continue de fonctionner - pour moi, malgré les effets secondaires négatifs, principalement des tremblements des mains et un équilibre compromis à ce stade, au cours de ma sixième année d'utilisation. Le lithium est un médicament miracle que l'on trouve dans la nature, qui fait des merveilles pour de nombreux patients bipolaires – la grâce de Dieu à l'œuvre. L'espoir dans une pilule.
Mon chemin vers la guérison serait incomplet si j'oubliais le fait que, peu de temps après avoir commencé à prendre du lithium et m'être sorti de la dépression, ma femme et moi avons déménagé du New Hampshire à Cocoa Beach, en Floride, où l'été dure la majeure partie de l'année et le temps est beaucoup plus ensoleillé, plus chaud et plus lumineux que dans le nord-est. Ce climat a eu un effet médicinal sur mon cerveau et mon humeur.
En plus du climat subtropical, nous vivons également dans une communauté amusante pleine de gens heureux, en forme et sympathiques qui apprécient le mode de vie sain et décontracté. Nous avons construit une toute nouvelle vie et nous l'aimons.
Mais j'aurai toujours un trouble bipolaire. Le trouble est une partie inextricable de la conception physique de mon cerveau. Et il n'y a pas de remède connu. Pourtant, le trouble bipolaire peut être géré efficacement et les personnes atteintes de trouble bipolaire peuvent vivre une vie saine, heureuse, épanouissante et réussie - j'en suis la preuve vivante. La liste des personnes célèbres atteintes de trouble bipolaire est longue et comprend des personnes de pratiquement toutes les professions.
Selon mes médecins, les clés pour rester en bonne santé et prévenir une autre apparition de manie ou de dépression sont de prendre mes médicaments de manière religieuse ; dormez suffisamment – ​​au moins sept à huit heures par nuit, plus une sieste si possible ; faire de l'exercice régulièrement et rester en forme – esprit, corps, esprit, émotions ; mangez sainement; boire beaucoup d'eau; se faire des amis, être un ami, profiter des amis ; éviter le stress, l'anxiété, l'agitation et la colère ; construire des garde-corps pour me protéger des facteurs de stress connus et cultiver le calme ; amusez-vous et profitez de la vie.
Résultat final
Tisser des liens, se nourrir d'espoir et tirer parti d'un soutien médical professionnel. Le rétablissement est à la fois possible et probable, si… vous voulez vous rétablir et que vous respectez ces principes.
À suivre…
Cette série de blogs raconte l'histoire du service et du succès d'un général, suivi d'un désastre et d'un rétablissement en santé mentale, puis d'une nouvelle vie. Le but est d'améliorer la compréhension, de créer de l'espoir et d'aider à abolir la stigmatisation. Les opinions exprimées sont celles de l'auteur et ne représentent pas nécessairement celles du ministère de la Défense ou du gouvernement américain. Cet article a été initialement publié dans Task&Purpose.
Gregg F. Martin, PhD, est un vétéran de l'armée depuis 36 ans, un général deux étoiles à la retraite et un survivant bipolaire. Ancien président de l'Université de la Défense nationale, il est ingénieur et stratège Airborne-Ranger-Engineer qualifié. Diplômé de West Point et du MIT, il écrit et parle de ses expériences bipolaires pour aider à mettre fin à la stigmatisation et à sauver des vies.
Pour plus d'informations, visitez www.generalgreggmartin.com

Traitements : médicaments

 Nous avons demandé aux personnes atteintes de trouble bipolaire comment leurs médicaments les affectent

Bien que le trouble bipolaire soit l'une des maladies mentales les plus courantes, c'est aussi l'une des plus mal comprises . Pour faire la lumière sur le trouble bipolaire , nous avons demandé aux membres de notre communauté des troubles bipolaires ce qui les rend optimistes et ce qui les rend nerveux à propos des médicaments qu'ils prennent. Voici ce qu'ils avaient à dire.
Ce qui les rend nerveux :
1. Effets secondaires des médicaments.
2. L'humeur change.
"Les hauts bas me rendent nerveux."
3. Développer d'autres problèmes de santé.
"La prise de certains médicaments à long terme peut entraîner d'autres problèmes de santé."
4. Les dommages physiques potentiels.
"Mes médicaments me rendent nerveux quant aux dommages physiques qu'ils pourraient causer."
5. Changer de médicaments.
« Je crains que mes médecins insistent pour que je change de médicament. »
6. Médicaments aggravant les maladies chroniques.
« Les médicaments ont exacerbé deux de mes affections existantes : la migraine chronique et la pancréatite . Depuis que je prends des médicaments, mes [épisodes de migraine] sont incontrôlables et ma maladie pancréatique est… chronique.
Ce qui les rend optimistes :
1. Se sentir équilibré.
"Avoir une quille égale d'émotions."
2. Se sentir stable.
« Mes médicaments m'ont donné l'espoir de rester relativement stable et fonctionnel. »
"Mes médicaments bipolaires m'ont maintenu stable pendant environ 18 mois maintenant, alors je suis convaincu qu'ils fonctionnent bien pour moi."
3. Rester hors de l'hôpital.
« Mes médicaments me font espérer que je vais rester en dehors de l'hôpital.
4. Avoir moins de rechutes.
« Avec les médicaments, les rechutes peuvent être moins fréquentes. »
5. Avoir un meilleur sommeil.
« Je suis capable de dormir selon un horaire régulier à l'aide de médicaments, et une bonne hygiène du sommeil pourrait aider à réduire les symptômes du trouble bipolaire . »
6. Se sentir mieux dans l'ensemble.
Mes médicaments m'ont donné de l'espoir parce que je m'améliorais lentement.
7. Avoir une vie digne d'être vécue.
"Il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver le bon mélange de médicaments pour mon diagnostic bipolaire I , [mais] je suis reconnaissant pour le résultat final. Les médicaments ont rendu ma vie digne d'être vécue.

Témoignage : gérer les réactions des autres lors du partage de votre diagnostic

 Gérer les réactions des autres lors du partage de votre diagnostic

J'ai parfois ressenti la piqûre de l'invalidation, de la part de la famille, des "amis" et des gens du travail et/ou de l'école lorsque je leur parle de mon trouble bipolaire.
Je marche prudemment sur la corde raide de me confier aux autres, craignant de glisser dans le territoire de «demander pitié» - dont on m'a dit qu'il n'existe pas (mais le changement de ton dans certaines situations indique le contraire).
Cette peur est particulièrement accrue en tant qu'étudiant, lorsque je dois dire aux professeurs que je ne peux pas faire certaines choses en raison de mon état. Je ne suis pas du genre à crier sur les toits à propos de mon trouble bipolaire, mais lorsque je suis confronté à de graves effets secondaires suite à un changement de médicament, je sors à contrecœur mon ordinateur portable et j'envoie quelques avis d'invalidité à mes instructeurs.
Je me sens toujours mal de devoir manquer des cours du soir ou de demander des prolongations, mais voici pourquoi je travaille pour lutter contre ce sentiment :
À une époque où la stigmatisation de la maladie mentale s'estompe lentement, j'ai constaté que la plupart des gens n'ont pas de réactions excessives.
Bien sûr, il y a quelques décennies, les gens auraient peut-être réagi comme s'il s'agissait d'une confession de meurtre, mais le trouble bipolaire est en train de sortir dans la lumière, en particulier avec des célébrités comme David Harbour ou Demi Lovato qui sortent avec leurs diagnostics.
Lorsque j'ai dû parler à un professeur de ma difficulté à venir à un cours du soir facultatif, il a répondu gentiment et a raconté sa propre histoire. Les supérieurs peuvent souvent être empathiques, et avoir des attentes en matière de décence humaine n'est pas déraisonnable.
Si ce n'est pas le cas, essayez de vous en débarrasser et passez à autre chose.
Votre santé est 10 fois plus précieuse que l'opinion que quelqu'un a de vous.
Cependant, si vous vous sentez plus à l'aise de cacher votre état à certaines personnes, cela est valable en soi.
Comme je l'ai dit plus tôt, je ne parle pas à tout le monde, ni même à la plupart des gens, de mon trouble bipolaire.
Cela ne signifie pas que j'en ai honte, mais plutôt utiliser un jugement sage dans mon cercle de conscience.
Vivez avec intention, sauvegardez et partagez au mieux de vos capacités. Surtout n'ayez pas peur. Vous n'êtes pas seul à aucune étape de la récupération.

Témoignage épisode dépressif

 À quoi ressemble un épisode dépressif ?

Marion reste au fond de son lit en plein désespoir. « Je cherche une solution pour mourir et je dors 18h par jour ».
Pour Damien, un épisode dépressif se résume à s' arracher du lit le matin « pour aller se poser sur le canapé, ne pas ouvrir les volets parce que la lumière m'agresse, ne sortir que si j'y suis obligée, manger les cochonneries que je peux trouver et qui ne nécessitent pas de préparation ou de réchauffage, et me traîner sous la douche si jamais je pue vraiment. (oui oui, c'est très glam). »
Roxane dévoile « qu’il y a juste quelques mois j'avais envie de mourir, j'avais tout prévu, mais je me suis fait hospitaliser. Actuellement je remonte la pente, mais c'est long, je fais 2 pas en avant et un en arrière ».
Les épisodes dépressifs étaient très violents dans l’expérience de Maude : « plus d'énergie, peur de tout, envie de pleurer sans cesse, car envahie d'une énorme tristesse, tentatives de suicide répétées. Pour y faire face, je me shootais aux médocs (plus jeune, je me suis longtemps défoncée avec somnifères et neuroleptiques). »
Enfin, Victor affirme n’avoir « envie de rien (sauf de disparaître), impossibilité de se lever le matin, rester au lit 90/100 du temps ».
« Les épisodes dépressifs sont très sévères pour ce qui me concerne et sont plutôt rares. Ce sont souvent des ruptures à la suite d'une longue phase maniaque. Le corps et l'âme disent "stop" : dans ces moments, je ne suis plus capable de gérer le quotidien et je me sens extrêmement vide (je ne prends plus soin de moi). Cela amène beaucoup de culpabilité et des envies de mort. Les idées noires sont récurrentes. » développe Astrid.
Cindy reconnaît « qu’avant de connaître mon mari, je me souviens parfaitement être descendu en enfer, là où mes démons m’emmènent quand je n’ai plus la force de sourire, quand je n’ai plus la force de me lever de mon lit, quand j’y ouvre les yeux et que je les referme aussi tôt pour ne pas affronter la journée qui arrive, car j’ai trop mal, trop mal pour continuer à vivre. Tel est la phase dépressive, et elle peut durer des semaines ou des mois. Elle dure le temps que les antidépresseurs que l’on vous a prescrits fassent leurs effets. »

Témoignage mon enfant est bipolaire

 Témoignage : "mon enfant est bipolaire"


 2014. Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, on va m’appeler.

” Votre enfant – hôpital psychiatrique – urgences – vous inquiétez pas – non vous ne pouvez pas venir – on s’en occupe.”

Ça ressemblait à du Morse, et j’ai répondu moi aussi.

” OK. J’a-r-r-i-v-e – vous inquiétez pas – je m’en occupe – et surtout ferme-là à tout jamais.”

J’arrive, je rue dans les brancards, je crie pour savoir où est mon enfant et finalement on me confond avec un possible patient et j’évite de justesse la piqûre et l’isolement. C’était pas si mal comme réaction pour m’infiltrer. D’habitude, je suis très respectueuse des soignants et je suis les procédures. Là, j’ai au moins autant hurlé que quand j’ai pondu mon enfant. Putain, 8 heures pour le sortir le machin dodu. Cette prestation m’a valu d’être dans la file d’attente du couloir. Je pouvais entendre mon enfant parler au psychiatre car j’ai entrebâillé la porte. Il semblait super bien, il disait qu’il est énergique, qu’il a plein de copains. Il faisait des blagues, il était détendu, croyant à une farce avec toutes ces blouses blanches qui virevoltaient.

Bref, je me suis dit, il est comme d’habitude. On allait enfermer mon gosse parce qu’il est super. Je l’entendis accepter de prendre un médicament et d’être conduit dans une chambre. Je me suis cachée sous le banc dès que je le vis sortir. Allez, je prends sur moi, mon enfant est loin d’être con, puisqu’il tient de moi. Je reprends mes esprits, je rentre mes crocs et mes griffes de louve, je remets mon habit d’agneau et je vais discuter avec le psychiatre.

Il refait du morse le con. « – vous inquiétez pas – quelque temps – bipolaire – on s’en occupe – bonne journée – on vous tient au courant. »

Je m’enfuis alors des urgences psychiatriques à la place de mon enfant. Rassurée, vraiment. Rassurée autant qu’on puissequand on imagineson gosse brûlant sur le bûcher d’une place publique du Moyen-Âge.

Réflexe Google. Quand j’ai tapé “bipolaire” sur le moteur de recherche, je me sentais encore mieux vis-à-vis des questions du peuple du Moyen-Âge :

-Un bipolaire est-il dangereux ?

-Un bipolaire meurt combien de temps avant les autres ?

-Un bipolaire est-il manipulateur ?

 -J’ai une mère bipolaire c’est un enfer

 -Un bipolaire peut-il tuer quelqu’un

-Les médicaments sont horribles

 -Un bipolaire guérit-il ?

-Peut-on être en couple avec un bipolaire ?

Et tant d’autres questions qui me semblaient surréalistes. Non, alors, mon gosse n’est pas bipolaire.

J’ai eu le deuxième meilleur réflexe : Doctissimo. J’ai cherché des témoignages sur les forums de personnes avec un trouble bipolaire. Ça parlait d’effets secondaires, de dépressions, de crise maniaque ( c’est quoi ça p’tain ) de non-guérison, de durée de vie raccourcie, et en finalité ça ressemblait à une gigantesque mare de désespoir.

J’ai eu le troisième super réflexe, j’appelle un psychiatre au pif.

 La secrétaire me répond « Non,-madame, pas d’entrevue avec vous, on n’a déjà pas assez de place pour les personnes malades ». Flex Ronflex.

J’allais avoir du temps pour me cultiver, car l’hôpital comptait garder mon gosse pour un temps indéter minable. Grosse razzia de livres Amazon, Fnac, jusqu’aux petites librairies indépendantes avec tout ce qui pouvait contenir le mot bipolaire de loin ou de près, et les vidéos traitant du thème n’avaient plus aucun secret pour moi. Je me suis remise à l’anglais pour les recherches à l’international.

En 2014, je suis allée dans des associations qui faisaient peine à voir par le manque de moyens, et le manque de bonne humeur des légumes ici présents. Non, je vous l’affirme, mon gosse n’est pas une carotte. Parce que c’est moi qui l’ai fait pousser.

On m’appela à l’heure où ne blanchissait plus la campagne, mais visiblement celle où blanchissaient mes cheveux.

C’était reparti pour le morse. “OK. J’attends pour le voir. Il prend quoi comme médicaments ? OK. Je répète, il prend quoi comme médicaments ? OK. Youston c’est la dernière fois que je pose la question des médicaments sinon je me tire une balle dans la tête.”

La menace a du bon parfois, ça a fait son petit effet et pas secondaire celui-là.

C’était parti pour Doctissémoi. Un ami docteur me faisait de fausses ordonnances pour que j’obtienne les médicaments que mon enfant gobait. Si je voulais comprendre mon enfant, fallait que je me les administre et que je lise à sa place. J’en ai bouffé des drogues dans ma vie, frérot, celles-là elles dépotaient. J’ai testé toutes les catégories de médicaments, les dosages, les gouttes, les comprimés, mélangé un peu le tout. Je vivais en parallèle ce qu’on lui faisait là-bas.

Un jour je suis allée au marché de l’hôpital psychiatrique pour récupérer mon légume.

« Excusez-moi madame, je sais à quoi ressemble mon enfant, on n’est pas à la maternité ici où on peut échanger les bébés parce qu’ils se ressemblent tous. Le mien a 24 ans, il sait parler, marcher, rire, etc. j’en ai assez chié dans son éducation pour qu’il en arrive à là, d’habitude j’ai de l’humour, mais là j’en ai un peu moins. Puis aussi il a l’air un peu sénile, il va aussi se caguer à la culotte ? ».

Je posais mon légume sur la table, je l’examinais sous toutes les coutures. Visiblement c’était bien mon gosse. Quelque temps plus tard, il se remit à parler et rire. Nan, j’déconne, il resta au fond de son lit, défiant l’hibernation des ours polaires.

-Vous inquiétez pas – bipolaire pas grave – stabilité – médicaments à vie

Après le morse, j’ai fait un tel déni de sa bipolarité que j’ai dû apprendre le braille. Je devais sourire et rassurer mon légu… enfant . Lui dire que tout va bien, qu’il ne va pas mourir (enfin pas encore, juste le temps que les médicaments le détruisent à petit feu ), que ce n’est pas la pire des maladies, qu’il n’y a pas vraiment de guérison, que oui biensûr il n’aura pas « exactement la même vie qu’avant, mais bon… ». Je lui disais de sortir de son lit cette feignasse, la comédie avait assez duré. Mon enfant est bipolaire, OK, mais pas bipolaire comme les autres. Mon enfant est FORT.

Il va reprendre son super boulot, ses études sans failles, son cercle d’amis. Puis, on lui arrêtera son traitement, un ‘ment donné ! Il ne se confiait plus à moi et s’énervait, la bouche sèche et ses 18 kilos en plus. Il ne me parlait plus que de « sa » maladie et je voyais un autre enfant à sa place, une sorte de jumeau maléfique. Je ne minimisais pas sa souffrance, ne me jugez pas. J’essayais de lui remonter le moral, comme on fait avancer un âne avec une carotte au bout. Il était abruti par les cachets, mais pas assez abruti pour capter que je ne lui racontais peut-être pas, exactement, la vérité. Moi j’attendais de toute façon, la voyante avait tiré les cartes pour lui : dans 10 ans il serait guéri de la bipolarité.

2024. Mon enfant était officiellement handicapé. Il survit avec son allocation, ses éducateurs spécialisés ( le métier qu’il voulait exercer d’ailleurs, dans un monde parallèle où la bipolarité n’existerait pas ).

Ils l’aident dans son quotidien, parce qu’il ne se considère plus « autonome ». Il est même vachement fier de me dire qu’il a une RQTH et qu’il peut finalement travailler à élever des carottes. Il a renoncé à tout ce qu’il voulait : une maison, des enfants, un métier égal à ses compétences,des voyages…

Ses nouveaux amis bipolaires et lui forment un vaste champ de légumes divers et variés. Et visiblement, ses anciens amis sont devenus végans, mais à l’inverse.

J’ai eu tellement d’émotions ces 10 dernières années que même les couleurs de l’arc-en-ciel ne sont pas assez nombreuses pour les décrire. Mon enfant n’a pas la pire des maladies, c’est vrai. Quand il vient s’en plaindre en me disant de ne pas faire un déni, mais à la fois qu’il en fait un aussi, je réagis aussi en deux temps. Je dis « non t’inquiètes mon enfant ta vie est super bravo ». Il est content et retourne jouer dans son parc. Derrière lui, sans lui dire, en 10 ans j’en ai fait des recherches, volé ses médicaments en douce et testé sur moi, rencontré des éminents psychiatres et soignants, écumés des conférences, lu des bouquins qui n’ont jamais de happy end . Donc je lui souris, puis comme d’habitude, je ferme sa porte, et je vais pleurer dans mon coin priant pour qu’il ne m’entende pas.

Je me remémore toutes les fois où j’ai merdé avec lui : les brimades, les menaces, la comparaison avec les autres… Et pire, si c’était moi qui lui avais filé des gènes pourris ? Je lui dis enfin que je l’aime, il me demande justice et je lui offre les réparations.

Son avenir est tracé et il s’en contente. En tout cas, il me le fait gentiment croire pour que je n’aie pas peur. Et comme je faisais quand il avait 6 ans, je fais aussi semblant de le croire pour qu’il n’ait pas peur.

Je suis tellement fière de mon enfant. Même s’il a perdu de bonnes cartes, il joue encore. Récemment, il y a un truc qui se passe et qui me titille. Il me parle d’amis comme lui, parqués dans un potager. Il m’en parle beaucoup trop d’ailleurs, et j’en ai marre.

Le mot bipolarité est sorti de mon dictionnaire mental depuis longtemps. J’ai même appelé l’Académie française pour qu’ils l’enlèvent officiellement. Parce que je le connais, mon enfant, il va s’enthousiasmer, faire une crise, puis une dépression, et il reviendra se replanter dans mon jardin.

Pourtant j’observe une différence dans son jeu cette fois-ci. Ses amis ne sont plus 3 ou 4. Ils sont des centaines et ça continue de grossir. De loin, ils ressemblent à un champ de fleurs. Puis il a décidé de dessiner ses propres cartes. Il fait comme maman, quand ça ne l’arrange pas, il ne respecte pas les règles et invente les siennes. J’y crois pas trop, mais ça me fait quand même un peu sourire. La voyante n’avait peut-être pas tort au fond. Elle a tiré ses cartes de guérison, mais c’est lui qui les dessine. Le diagnostic de mes entrailles m’a brisé, peut-être même plus qu’à lui.

Bizarrement, je recommence à lui faire confiance et à le voir aussi lumineux qu’il l’a toujours été, même diagnostiqué . Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Il est toujours vivant et je crois qu’il a grandi. Et moi avec.

[ ÉPILOGUE ]

Je ne suis mère que dans mon imaginaire, et mon enfant est virtuel.

Ce que tu viens de lire est une fable dépeignant un entourage impuissant, qui ne peut pas comprendre la bipolarité malgré sa bonne volonté. Un entourage tantôt bienveillant et culpabilisant, maladroit, blessant sans vouloir l’être. Un entourage qui y croit tout autant qu’il n’y croit plus. Un entourage qui tombe à chaque fois qu’il tombe. Un entourage qui dénie parce qu’il souffre trop de voir son enfant faire son propre déni et après se résigner. Un entourage qui aime comme il peut, au fond. Je suis bipolaire diagnostiquée depuis 9 ans, et pour la première fois de ma vie, je me suis imaginée à leur place. Je suis un peu cet enfant et cette mère à la fois.

J’espère que ma maman imaginaire va m’aider à dessiner les nouvelles cartes avec mes amis ! Qui sait, peut-être trouvera-t-on des trésors ?

Lucie







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Diagnostic troubles bipolaires

Modération: Dr Frédéric Urbain Dr Clothilde Kowalski / Sarah Sportiche Déployée en France dès 2015 par ARGOS 2001, association d’aide aux patients atteint de troubles bipolaires et à leurs proches, la Journée mondiale des troubles bipolaires a lieu chaque année le 30 mars, date anniversaire de la naissance de Vincent Van Gogh. A l’occasion de la 3ème édition de cette journée, ARGOS 2001 et la Fondation FondaMental s’associent et organisent, en régions et à Paris, des manifestations sur le thème « Troubles bipolaires : osons la prévention ! » Placée sous le haut patronage du Ministère des Affaires sociales et de la Santé, la manifestation parisienne est organisée les 29 et 30 mars 2017 à l’auditorium de la Cité des sciences et de l’industrie, avec le soutien de la Cité de la santé, de l’Œuvre Falret et du Labex Bio-Psy.

Témoignage de proche

 Témoignage d’une conjointe de malade bipolaire; partager nos vécus fait avancer tout à chacun c’est certain.

« Au début je panique ,je perd mes repères, j’ai l’impression de perdre mon allié , mon complice mon homme ,nos fondations s’effrite comme sable entre mais doigts. J’ai peur , je donne tous ce que je possède comme énergie pour voir clair et faire de bons choix mais je ne comprends pas . J’ai mal en dedans, les tripes me tordent de le voir ainsi . Je me met en mode combat je ferais tous pour lui mon amour mon âme soeur et je prends charge tous .
C’est a contre coeur que je l’hospitalise .je retourne chez moi seule et je pleure ma vie , je pleur notre vie .

Retour à la Maison je ne reconnais pas mon homme dans se regard , dans ses mimiques dans ses gestes . Il est froid distant et très direct sans filtre.Il met à risque la relation avec sa fille qui pour lui donnerai sa vie pour elle .
Le temps passe nous faisons face à ce tsunamis qui nous frappent tous de plein fouet et je lui en veux . Mon empathie ,mon amour inconditionnel est très ébranlé et je ressent de la rage face à cette étranger , je suis persécutrice, directive nous le mettons au pieds du mur , nous risquons de tous perdre ,il veux le divorce pourtant avant la crise il m’a offert de renouveler nos voeux de mariage et pour lui il n’y à que nous dans sa vie . Plus rien ne tiens il est suspicieux, irritable colérique et me cache des achats +++++ comme jamais je ne lai connu . Il consomme se cache ne veux voir personne à honte mais en a besoin. Je sent son mal être, son désarrois pour lui tous cela à du sens . Il ne veux pas vivre le jour la nuit il respire un peu enfin car personne pour le juger ou l’appel (assurances- crédits) et nous ont dort .
Et moi j’ai peur car la nuit il vie ,il fume il monte en hypomanie et vie sur internet. Il est malade et ne vois pas au besoin de la Maison, je suis monté déneiger le toit de maison de peine et de misère et il était mécontent car je n’etait pas là pour lui ici et maintenant. La médication fonctionne enfin . La phase dépression est amorcée ,il n’est pas suicidaire ne se voie pas vivre sa vie comme ça je me sent impuissante il souffre de sa situation,n’a pas d’intérêt,n’a plus de repères car prenait 2/3 bière le soir pour relaxer et depuis dec il a arrêté de boire mais fume du canabis qui coute une fortune ,il dit que ça l’aide à calmer ses impatiences mais en revanche sa lui donne de l’énergie et le pousse à l’hypomanie.
Diagnostiqué fin février 2019 bipolaire type 1 ,en janvier il a été hospitalisé pour phase maniaque, avec paranoïa et délire religieux. Le tout à commencé par un épuisement professionnel un arrêt de travail et des antidépresseurs ces derniers l’ont mis en paranoïa et up escalade en escalade c’était de pire en pire. Après cela il a commencé seroquel sa été long à diminuer la phase maniaque il était en manie,suspicieux,sans filtre très directe et frôlait royalement la méchanceté et je ne r3connaissait plus mon mari (ensemble depuis 26 ans ) il n’était pas un danger pour lui même ni pour autrui il est sortie de l’hôpital et retour à la maison il a voulue me divorcer, il a tous vidé ses biens personnels et déménager dans la chambre voisine il était mon coloc avec un regard que je ne lui connaissais pas des mimiques aussi ... et notre fille à quitter sa chambre que nous payions ,à quitter ses études et son emploie pour revenir à la maison.car en deux mois c’est 50 milles dollars de dépenses qu’il avait fait .

Beaucoup de confrontations ont ne comprend pas , il est malade mais ont est fâché contre ses actions pour avec le temps comprendre qu’il n’était pas la ,il n’était pas lui même.... bref nous avons vue un nouveau psychiatre et il a débuté Une nouvelle médication,il est très anxieux, a des impatiences de l’irritabilité ,il dort ++++ ,aucun intérêt, affecte plat ,hier il était assis a la table et fixait la fenêtre la bouche entrouverte, ce soir son âme pleure,ses yeux coule tous seuls mais ne pleur pas de sanglot comme si il pleur en silence.
Que c’est difficile de voir mon mari ainsi il était le pilier solide de notre couple , je lui dit à quel point je l’aime et nous avons besoin de lui c’est pas facile en phase maniaque je sais quand je dois agir pour lui venir en aide avec la dépression moyenne je trouvais que je pouvais me reposer un peu ,mais en phase de dépression importante je trouve cela plus difficile de savoir si je dois faire changer la medication ,combien de temps je le laisse ainsi ,faut t’il vraiment attendre qu’il soit suicidaire pour faire qqchose????
Je me sens impuissante. Il est difficile de trouver un psychiatre qui est la pour aider et sentir qu’il est épaulé, j’ai fait des démarches avec mon mari pour changer de psychiatre et avec succès après des mois de stagnation. Enfin j’ai l’impression de ne plus été seule dans cette tempête qui ravage nos vies. Avec le temps et des changements de medicament mon homme vas mieux,dort un peu moins , commence avec prendre soins de ses choses fait sa dosette ,vas a ses rendez-vous seule, ne consomme plus .

Chaque jour est une page blanche ne sachant jamais comment elle se déroulera. J’ai l’impression de vivre sur le neutre , faire tous ce qu’il faut pour que tous fonctionne, travailler, les factures,l es assurances et garder la tête haute pour ne pas sombrer dans la dépression. Je suis fatigué , pas une fatigue qui ne se soigne par un somme, c’est une fatigue viscérale je suis vide , il n’y a plus d’énergie vitale qui m’anime, je réduit au max tous mes activités ,je priorise mon travail car il me donne de l’énergie et je côtoie des gens qui me stimulent et m’aide .

Le temps passe ce n’est pas facile rien n’est facile mais ont avance à petits pas et je suis là pour lui . Je l’aime 😍 d’amour il me confirme sont amour et me remercie,il est conscient que si je n’aurais pas été là il aurait tous perdus. La beauté dans tous ça c’est qu’il a été là pour moi quand j’en aie eu besoin .
La vie n’est pas facile ,les défis se présente et nous devons y faire face et l’amour survie aux défis ✨❤️✨bon courage à chacun(e)de vous »

Argos 2001 Doubs Franche-Comté

E-café Sam. 27 mai 2023 10h-12h