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Témoignages troubles bipolaires et mentaux

 Parce que le trouble bipolaire est considéré comme une maladie mentale , la plupart des gens se concentrent sur la façon dont les hauts et les bas des épisodes maniaques et dépressifs peuvent être éprouvants mentalement.

Mais les symptômes du trouble bipolaire peuvent être tout aussi physiques que mentaux. Et parfois, les différentes « catégories » de symptômes s'entremêlent
Voici ce que disent les personnes sur ces symptômes physiques:
1. « Perte de mémoire. J'ai fait des choses pendant un épisode maniaque dont je ne me souviens plus plus tard, me demandant comment j'étais arrivé là où je me trouvais. -Shannon D.
2. « Acathisie . Imaginez que vous assistez à une conférence et que vous deveniez vraiment anxieux, et que vous commenciez à faire rebondir votre jambe. Imaginez maintenant que vous êtes si agité que vous devez rebondir ou secouer tout votre corps pour essayer de soulager l'inconfort. Et pas seulement une heure, pendant plusieurs jours, parfois des jours. J'ai l'impression d'être littéralement piégée dans ma propre peau, et la seule issue est de la déchirer ou de la décoller. —Meghan G.
3. "Ne pas pouvoir dormir en cas d'hypomanie et ne pas dormir suffisamment en cas de dépression. Les niveaux d'énergie sont erratiques. Manque d'appétit ou faim et manger trop. Douleurs corporelles et sensation d'avoir besoin de sortir de sa propre peau. — Jazmyne F.
4. "Mes niveaux d'énergie changent vraiment de façon spectaculaire. Lorsque je suis hypomaniaque, je peux rester dehors toute la journée et m'adapter à quatre choses différentes, alors que lorsque je suis déprimé, je n'ai pas l'énergie nécessaire pour sortir du lit de temps en temps. -Madoka S.
5. « Maladresse. Quand je suis trop « debout », je bouge trop vite et laisse tomber tout, claque les armoires et les portes sans le vouloir, je trébuche sur le sol. Quand je commence à devenir plus maladroit, je sais que je dois ralentir ou je deviendrai complètement maniaque. —Icee B.
6. « Cela ne vous dérange pas d'aller à des millions de kilomètres à l'heure, mais votre corps est tellement épuisé que vous ne pouvez pas bouger. C'est comme un marathon rien que de lever les bras pour se brosser les cheveux, même si vous allez aussi loin ce jour-là. — Kaytlynn J.
7. "Mon irritabilité me fait mal physiquement. Je sens mon cerveau palpiter douloureusement contre mon crâne et mes membres se mettent à picoter et mon cœur commence à battre plus vite au hasard et c'est presque comme une crise d' anxiété exhaustive mais constante quand je suis d'humeur irritable. —Betsi L.
8. "J'ai des nœuds dans les épaules et le dos parce que je reste tendu tout le temps. Certains ont la taille d'une balle de golf. J'ai aussi des crampes musculaires. J'aimerais vraiment pouvoir me permettre d'avoir des massages réguliers. Je ne me sens jamais détendu et cela affecte ma posture. -Robin J.
9. "Ne pas pouvoir parler. Je pense que je forme des phrases complètes lorsque je ressens l'anxiété associée à mon bipolaire. Pourtant. les gens me disent que c'est vraiment juste un tas de "umm" et d'oublier ce que je disais. —Olivia W.
10. "Une sensation de bourdonnement étrange que je ressens dans tout mon corps et les papillons sans fin dans mon estomac pendant un épisode maniaque. Cela me donne l'impression que je pourrais courir pendant des heures mais aussi vomir. De plus, cela rend le sommeil presque impossible. - Cassy H.
11. "Être en surpoids. Je mange trop et je ne peux pas m'entraîner quand je suis déprimé. Et je me couche tard et j'ai très faim quand je suis maniaque. Rien de bon ne peut m'arriver physiquement quand j'utilise toute mon énergie à me battre pour y rester mentalement. — Mallory J.
12. "Votre corps et votre esprit deviennent en quelque sorte séparés. Par exemple, lorsque vous êtes dans un épisode dépressif et que vous ne pouvez pas sortir du lit, votre cerveau vous hurle dessus, essayant de vous forcer à vous lever, mais votre corps n'écoute pas. Puis, lors d'un épisode maniaque, votre corps vous crie de le laisser se reposer, mais votre cerveau est tout, 'Non. Nous devons finir de réorganiser votre chambre à une heure du matin afin d'avoir le temps de terminer un cahier à couverture rigide et de lire deux romans avant que le soleil ne se lève. " - Reinrose B.
13. "Pendant que j'éprouve des symptômes d'anxiété et des phases d'hypomanie, je tire sur mes cheveux (mais pas pour les arracher). Je roule et fléchis également mes chevilles et mes poignets, généralement sans m'en rendre compte. — Aimée C.
14. "Je me parle à voix haute quand je suis maniaque. Il y a tellement de pensées et de stress à propos de certains aspects de ma vie que je rejoue sans cesse comment gérer les situations dans ma tête pour ne pas avoir la diarrhée de la bouche de manière inappropriée. Mais je ne pense pas seulement à ces situations, je les dis à haute voix : dans la voiture, sous la douche, etc. Je me rattrape et j'espère que personne ne m'a entendu. C'est comme s'il y avait tellement de pensées qui s'emballaient qu'elles ne pouvaient s'empêcher de déborder verbalement aussi. —Tracy S.
15. "Problèmes de peau variés. Quand je roule à des millions de kilomètres à l'heure et que je ne dors pas, je suis rempli d'hormones de stress et ma peau en prend un coup. Idem avec la dépression . Quand je suis nivelé, ma peau s'éclaircit jusqu'au prochain épisode. -Kelly A.
16. "Les problèmes gastro-intestinaux sont courants pour moi. J'ai dû subir une opération d'urgence de la vésicule biliaire et je vis toujours avec des problèmes tous les jours. -Tiffany I.
17. « Panne de courant. Lorsque la rage s'installe, je m'évanouis et je ne me souviens pas de tout ce que je dis ou fais. J'ai aussi des maux de tête à cause de la colère extrême ou des montées d'adrénaline. Je suis également très fatigué, même si je ne fais rien physiquement. Mon cerveau m'épuise. —Randi E.
18. « Des hallucinations tactiles — des choses qui rampent sur moi ou des gens ou des choses qui me frôlent et qui ne sont pas là. Ne pas pouvoir garder mon corps immobile et avoir des spasmes musculaires sans douleur (acathisie), perte de mémoire et brouillard cérébral, heurter ou heurter constamment des objets, des nœuds, des douleurs et des muscles très tendus dans le dos, les épaules et le cou, une mâchoire raide et douloureuse à force de la serrer et de grincer des dents, de ne pas pouvoir respirer, d'hallucinations auditives - généralement pas de mots spécifiques que je puisse distinguer, plutôt comme des cris. Claustrophobie et hyperventilation lors d'anxiété et lors d'épisodes maniaques. — Cristal T.
19. « Le bégaiement . Parfois, c'est tellement grave que je ne peux pas finir ma phrase, alors je m'arrête et je dis ça ne fait rien et je m'en vais – c'est plus facile que de m'embarrasser davantage. —Kiesha L.
20. "Je peux sentir mon cœur battre dans tout mon corps. J'ai l'impression de voyager aussi vite qu'un colibri tout en restant complètement immobile. — Amber Linn G.

Témoignage

 Bonjour !

Je m'appelle Séverine et j'ai 37 ans. Diagnostiquée bipolaire en 2010 et sous médicament seulement depuis 2 ans.
Originaire du Sud Ouest de la France à Castres, je n'ai jamais avoué à mes parents que je voulais devenir une artiste.
Le fait de ne pas le dire a provoqué des crises de bouffées délirantes aigues, la plus sévère en 2015.
Pour plaire à mes parents, j'ai fait des études en gestion d'entreprise. Première année en Prépa HEC, DUT GEA, Licence en Institut d'études politiques et pour finir une Licence Professionnelle "Animateur Qualité". J'ai échoué mes études car j'étais malade sans le savoir.
Je sortais souvent, je buvais beaucoup et je fumais des joints.
Entre phases maniaques et dépressives, je voyais régulièrement des psychiatres qui n'ont jamais posé de diagnostic. Des idées suicidaires en phase down et des crises mystiques en phase up. J'avais l'impression d’avoir une mission sur terre.
En 2002, à Marseille j’allais à l’église et j'avais l’impression qu'il fallait combattre des ennemis pour empêcher que la 3ème guerre mondiale n’arrive. Je parlais beaucoup aux inconnus et je voyais des signes dans les plaques d'immatriculation de voitures. Des messages codés et il fallait absolument que je les déchiffre. Mon cerveau était en ébullition et je n'arrivais plus à dormir.
Ma première hospitalisation a eu lieu lorsque j'avais 23 ans. Lors de mon stage dans une maison de convalescence, j'ai eu une relation amoureuse avec un patient qui était sans abri en cure de désintoxication. Il me faisait rêver car il venait de Paris. Mon désir d'artiste était lié.
Un soir, alors que le patient découchait dans ma chambre, un médecin frappe à la porte et m'annonce que mes parents et que le directeur de la maison de convalescence étaient là. Dans une colère euphorique, j’ai pris le téléphone et j’ai appelé la police. J’ai porté main courante contre mon père. Aujourd’hui je le regrette.
À l’hôpital, ils m'ont donné beaucoup de médicaments. Je suis restée une semaine dans une chambre sans biens personnels. L'autre semaine, j'étais beaucoup plus libre. J'avais un plan en tête : monter à Paris.
2 semaines d'hospitalisation en procédure HDT qui n'ont servi à rien car aucun diagnostic n'a été posé. Une fois sortie de l’hôpital, j'annonçais a ma mère que je partais vivre avec le patient qui lui allait s’évader de la maison de convalescence. En furie, je suis partie le rejoindre. Nous avons vécu un an ensemble. J'ai pris des risques inconsidérés : conduite, drogues. J'ai gaspillé beaucoup d'argent. Je me suis éloignée de ma famille. Nous avons vécu dans la rue à Paris puis en Bretagne. Notre idylle est morte dans le sud de la France en Aveyron. Un matin il n’était plus là.
J'ai eu des problèmes financiers. Ma seule solution, trouver du travail. J'ai donc travaillé au sein d'une entreprise agro-alimentaire dans le fromage en tant qu'assistante commerciale.
3 années stables, car j'avais arrêté les drogues.
Mais j’ai rencontré Mathieu en 2005. En 2007, Nous avons quitté le Sud Ouest pour Paris car il avait obtenu un CDI chez Sanofi en tant qu'attaché de recherche clinique. Mon rêve de Paris a refait surface.
La chance a fait que j'ai travaillé pendant 4 ans au sein du siège de Coca Cola à Issy les Moulineaux. J'ai dépassé mes limites. Je me suis donnée corps et âme dans le travail. Petit à petit, ma relation avec Mathieu s’est détériorée. Nous avons vécu un avortement. Il ne voulait pas le garder. J’ai commencé petit à petit à tomber en dépression . Jusqu’au jour où je tombe sur 34 pages de mails m'annonçant qu’il me trompait avec sa secrétaire. La seule issue était de partir. Je suivais une thérapie comportementale et cognitive avec une psychologue qui avait travaillé avec le grand psychiatre Christophe André. La seule issue était de partir.
J’ai perdu tous mes repères. On m'enlevait l’homme avec qui je croyais me marier, on m'a enlevé mon enfant. J'ai tout perdu.
J'ai alors commencé à dénigrer mon travail. J'avais l'impression que je travaillais dans une secte rempli de nazis. J'écoutais en boucle de la musique.
Je me suis séparée et j’ai vécu à Bievres dans l’Essonne. J'ai alors vécu un phase maniaque qui a duré plusieurs mois. Je me suis coupée de tout : je dessinais frénétiquement, j’écrivais beaucoup, j’avais l’impression d’entendre des voix, j’étais en lien avec les Pyramides d’Égypte. J’étais en lien avec la nature, l’oiseau de la Pie pour moi était un lien magique comme Audrey Tautou dans le film « le Long dimanche de fiançailles ». J'ai commencé à avoir des crises mystiques. Je croyais aux anges, aux démons, à la numérologie. J’ai commencé alors à me renseigner sur la physique quantique, à la théorie des cordes. J’avais l’impression que je devais décoder un code qui allait sauvait l'humanité. J’ai commencé à connaître des états de transe, je tremblait énormément. J’ai alors connu un livre qui a bouleversé ma vie.
J’ai fait l'expérience de l’écriture automatique. C’était en 2010, l’année où le diagnostic est tombé.
Dans cette écriture automatique était écrit :
Personne ne doit te dire le contraire
Je suis là pour te guider
Poésie
Je pense que le temps est venu pour toi
Génèse
Ne fasse que le bien autour
Tu dois guider génèse
Je suis venu te parler de la vie
Je dois te guider vers le salut
Le don de toi
Le don d’écouter la pluie
La pluie est le signe de la vie parce qu'elle veut de ton bien
La pluie doit te permettre de grandir
Je peux te le dire la Sève est prête
Ecrire
Je peux te le dire que la vie est génèse
Le message est le suivant : tu dois guider génèse
Je peux te le dire le temps est venu pour toi de partir
Jésus est là pour te guider vers la lumière
Écouter le don de parler et d’écouter
Est la lumière de la terre
Je suis là pour te montrer le chemin
Ne sois pas pressée
L’écriture elle peut te servir
Nature ne laisse pas le temps
Le temps oublié
Je suis et j'inspire, je suis et j’expire
Je suis et je protège pour te rendre belle
Ne laisse pas le temps
Je laisse les autres faire
Je prie le Seigneur me guider
Ne laisse pas le temps s'écouler
Je suis là lumière, je suis le courage nécessaire
Nature est le vide
Autour de moi, je suis et j’inspire, je suis et j'expire
Le temps te dira, le temps te guidera, le temps te poursuivra
Je suis et j'inspire, je suis et je persiste
Je suis et j’oublies le passé et le futur
Je prie tous les jours
Je suis et j'oublies
Je suis le guide, je suis le monde, je suis là lumière
Je prie la terre notre mère
Les brillantes
Je pense que tu devrais te diriger vers la nature, le temps est venu pour toi
Ne laisse pas les autres te guider, ne laisse pas la peur te submerger, ne laisse plus le monde sans toi
Je suis là n’aies pas peur
Le langage du cœur est le suivant : je suis et j’inspire, je suis et j’expire
Le souffle du vent, la sphère est là, la lune est pleine de lumière
Le dessin et la musique
Surnaturel est l’évidence, surnaturel est la plénitude et la pluie
Je cherche et je trouve
Je suis venu te dire que la vie est longue
Je ne suis pas sûre de dire la vérité aux autres parce que la nuit…
La vie est longue et le temps te dira
Je suis là pour te guider je suis là pour te montrer
Prie prie la terre qui se meurt
Les autres ne plus jamais les écouter
Je suis là pour te dire : prier prier
Je suis là pour guider les anges de la liberté
J’étais en arrêt maladie lorsque j ai écrit cela. Mon arrêt maladie a duré neuf mois. Coca cola m’a proposé une rupture conventionnelle. Je n’ai pas refusé.
J’avais l’impression que je communiquais avec les esprits. J’avais l’impression de communiquer avec Dieu et Jésus. J'ai perdu pied. Je n'ai jamais été élevée dans la religion. Le seul fait marquant de ma vie fut la mort de ma meilleure amie dans un accident de voiture lorsque j’avais 15 ans. La même année j'ai perdu mon grand père le lendemain de mon anniversaire.
Ma mère m’a prêté "le Livre de la Vie et de la Mort" de Sogyal Rinpoche, moine Tibétain. J'ai forgé mes propres croyances comme croire en la réincarnation. Je préférais me dire que ma meilleure amie allait se réincarnait…
A la suite de cette écriture, je voulais devenir sophrologue. Je voulais sauver l’humanité. Je voulais devenir artiste. J’ai même postulé pour des écoles d’art. Je me suis introduis dans le monde du graffiti. Je voulais rentrer dans les ordres. J'avais beaucoup de projets en tête. J’étais en pleine phase maniaque.
La Grâce à fait que j’ai eu la chance de participer au clip de « Jouer Dehors » de Mademoiselle K réalisé par Rodolphe Pauly au Bus Palladium. J’étais figurante pendant 3 jours. Je pouvais enfin réaliser mon projet de devenir artiste. Cette chanteuse m'a permis de transcender ma souffrance lié à l’avortement grâce à sa chanson « alors je dessine ». Ce furent les plus beaux moments de ma vie mais aussi les plus douloureux. Une fois la tournée de Mademoiselle K finie au Bataclan, je suis tombée en dépression.
J'ai alors pris contact avec un psychiatre. Il m'a diagnostiqué bipolaire. J’ai pris peur. J’ai refusé la maladie qui pour moi était une maladie inventée par la société. J’ai refusé de prendre le traitement.
Mes parents voyaient que cela n'allait pas. J'ai quitté Paris pour Castres. A 30 ans, je me retrouvais à vivre chez mes parents sans boulot. L’échec total, surtout après Coca cola. J’étais coupée de tout loin de Paris. Plus d’amis, plus rien.
Grâce aux réseaux sociaux, j’ai gardé contact avec Louis, lui aussi bipolaire, rencontré au clip de Mademoiselle K. Il m’a beaucoup soutenu.
On désire alors de se revoir. il habitait avec sa femme à Rouen.
On a passé tous les 3 un weekend ensemble. Louis m'annonce alors une tragédie le lundi : sa femme était morte d’une rupture d' anévrisme dans ses bras. Il était anéanti. Il a voulu que je l’aide à traverser le deuil. En tant que bipolaire, Louis n’a pas voulu se faire aider pour surmonter son deuil. Nous nous sommes beaucoup rapproché et nous avons vécu ensemble pendant 2 ans. Ce fut une des expériences les pires de ma vie. Il était violent, paranoïaque et jaloux. Un jour, je me suis retrouvée dans ses bras avec un couteau sous la gorge. Pourtant, je l'admirais. Louis était un guitariste talentueux. Nous avons même écrit une chanson ensemble. Nous avons pris beaucoup de risques : dépenser beaucoup d’argent, conduite dangereuse, drogues. C’était une histoire surréaliste. Pour nous, c’était les autres qui étaient fous. Mais si, mais non… Au fur et à mesure, nous nous sommes éloignés. C’était juste une descente aux enfers. Les crises de violence et de colère de Louis étaient de plus en fréquentes. On devait stopper la relation.
Pendant la même période, j'ai eu plusieurs boulots en CDD et en intérim mais rien de solide. Je souffrais beaucoup de mon échec parisien jusqu’à des pensées suicidaires qui vous collent dès le matin.
Tout le monde me disait que Paris était trop dangereux pour moi à cause de la maladie. Je devais faire une croix sur mon passé. Pas si facile.
J’ai alors commencé à prendre des cours de peinture. J’ai adoré faire de l'abstrait. La peinture m’a permis de créer des mondes parallèles, imaginaires et ésotériques. Pour moi, c’était une béquille. Un monde où je pouvais m’évader et fuir ma triste réalité.
Je souffrais énormément de mes petits boulots et je voulais conjurer le sort. J’ai alors commencé à chercher du boulot sur Paris. Lustucru m'a proposé un CDI en 2013 à Boulogne Billancourt. Pour moi c’était du pain béni comme une résurrection.
Je me suis complètement investie dans mon travail. J’ai alors rencontré Alan lors d'une session de graffiti à la MJC de Saint Denis. Comme deux aimants. Il est devenu un ami. J’étais heureuse. J'étais bien, tellement bien que je n'ai pas réussi à gérer. J’avais des excès d’euphorie et mon désir d’artiste refaisait surface.
L'hiver 2015 a été un point clef. Les attentats de Charlie Hebdo m'ont complètement bouleversé. J’avais l’impression que j’étais suivie par les RG. Je parlais aux inconnus dans la rue, j’ai fait rentré des gens chez moi qui m'ont cambriolé. Je ne dormais plus. J’ai commencé a déconnecter de la réalité. J’ai suivi des gens dans le métro en les insultant de RG. Pour moi, ils complotaient avec Manuel Valls. J’ai même été virée d’une gare à Paris par la sécurité.
J’avais l’impression d’être comme dans un film. J’embrassais les arbres dans la rue. J’avais l’impression que J allais mourir. J’entendais des voix et j’avais des hallucinations. Je voyais des démons comme dans les bandes dessiné. J’avais l’impression qu’on voulait me fusiller. Je me frappais toute seule. Mes parents m’ont récupéré en pyjama dans la rue pied nus, maquillée partout.
Il était temps d’aller à l'hôpital. Ils m’ont amené à L’Hôpital de Castres aux urgences. Je me suis débattue avec la perfusion. Le lendemain je me suis réveillée attachée au lit. Ils m’ont transféré à l'hôpital psychiatrique de Lavaur. Pendant une semaine je suis restée en pyjama. Je n’avais pas le droit de téléphoner ni de sortir. Ils m’ont donné un traitement de cheval. J’avais impression d’être dans le film « le vol au dessus d’un nid de coucou ».
Cette fois ci, j’ai vraiment pris conscience de ma maladie. J’étais allais trop loin et ce depuis longtemps. Depuis le diagnostic en 2010, nous étions en 2015. Je voyais le mal que je faisais à mon entourage de part mes excès. J’ai pris la décision de me soigner même s’il fallait que ce soit à vie. A l’hôpital, j’ai vraiment vu la folie dans les yeux et je lui ai dit : tu ne m’auras pas. Je suis restée 15 jours à l’hôpital et j'ai du passer devant un juge.
J’ai réussi à reprendre mon travail chez Lustucru. D'abord à mi temps puis à plein temps. Cela fait 2 ans que je suis stable. Cela a été long, douloureux. Mais aujourd’hui, je suis dans l’équilibre de la vie. Le fait de prendre le traitement me rassure aujourd’hui. J’ai perdu beaucoup de temps dans ma vie.
Mais toutes mes expériences m’ont permis de comprendre que la maladie doit être mon alliée, ma force. Il n’y a pas de mots pour décrire mon ressenti. Et c’est très difficile pour moi de vous retranscrire mon histoire, tellement tortueuse. Ce qui m'a fait le plus mal et ce qui me fait le plus mal aujourd’hui, ce sont les jugements des gens. J’ai perdu beaucoup d’amis avec la maladie.
Mais des fois j’ai envie de crier « Je vous emmerde ».
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Témoignage bipolarité Type 2

 Je m'appelle Jane et j'ai un trouble bipolaire de type 2.

C'est exact; mon diagnostic a été changé sur moi il y a environ un mois. Après d'innombrables séances de thérapie et de physiologie, des médicaments, des visites chez le médecin et des recherches nocturnes sur Internet pour savoir comment maîtriser un trouble dépressif , il s'est avéré que je n'en avais pas du tout.
Bipolaire. Quand mon physiatre m'a dit que j'avais un type de trouble bipolaire, j'ai vraiment ri de son visage. Je pensais qu'il plaisantait. J'avais des amis qui souffraient de trouble bipolaire et je n'agissais en rien comme eux. Je n'ai pas eu de hauts maniaques bizarres pendant des jours, ce qui est l'image typique quand on pense aux bipolaires. Il s'avère qu'il existe plus d'un type de trouble bipolaire. Mes amis avaient le type 1, tandis que j'avais le type 2. Bien que nous ayons des humeurs « haut » et « bas », l'intensité que nous ressentons à chaque « haut » ou « bas » est différente. La façon dont nous agissons au cours de chaque humeur est différente. Nos médicaments et nos traitements sont différents. Même s'il est causé par des structures cérébrales et des produits chimiques altérés similaires, il s'agissait de deux troubles différents.
Mais revenons à mon histoire de diagnostic. Le docteur a attendu que mon rire devienne gêné quand j'ai remarqué qu'il était complètement sérieux. Il m'a demandé de rechercher les symptômes du bipolaire de type 2 et de prendre des notes sur tous les symptômes qui me ressemblaient. Quand je l'ai fait, j'ai été choqué. Les petites « bizarreries » ennuyeuses que je pensais faire partie de ma personnalité, que je ne pouvais pas contrôler, faisaient en fait partie du trouble. Il s'avère que mon trouble bipolaire était présent tout au long de mon adolescence, avant que quiconque ne soupçonne que j'avais développé une maladie mentale.
Vous trouverez ci-dessous les huit principaux symptômes qui ont indiqué à mes médecins que j'étais bipolaire de type 2. N'oubliez pas que chaque personne présente son trouble bipolaire différemment et demandez de l'aide médicale si cela vous déclenche.
1. Je suis un type créatif.
De nombreuses études montrent que l'art et le trouble bipolaire sont inévitablement liés. Les chercheurs cherchent toujours à savoir pourquoi, car les individus bipolaires dans les arts sont surreprésentés en tant que groupe. Mais j'ai l'impression d'être en bonne compagnie ici car Lily Allen, Mariah Carey, Stephen Fry, Catherine Zeta-Jones, Carrie Fisher, Sinead O'Connor, Demi Lovato ont tous ou ont eu un trouble bipolaire. Encore plus de célébrités bien connues pour leur côté artistique tombent sous le trouble bipolaire.
2. J'ai constamment de nouvelles idées, en particulier pour les projets et les plans que je veux terminer.
Pendant mes humeurs positives ou mes périodes maniaques, j'ai une augmentation notable de mon énergie. Je suis tellement excité que je parle si vite et personne ne peut comprendre ce que je dis. Mes pensées s'emballent et sautent rapidement d'un sujet à l'autre. Je veux faire une centaine de projets différents à la fois et je pourrais même choisir de dormir des périodes plus courtes car il est plus important de mener à bien ces projets que de prendre soin de ma santé. J'étais un bourreau de travail et je me souviens de périodes où je ne dormais que trois heures (ou moins) parce que j'étais tellement excité ou câblé. J'avais juste besoin de faire beaucoup de tâches, surtout à 3 heures du matin. Une partie de mon cerveau savait que c'était malsain, mais il y avait une voix ou une impulsion plus forte "pour faire toutes les choses", comme il est dit dans le meme.
3. Périodes de comportement imprudent.
Dépenser trop d'argentpeut être un symptôme bipolaire. Je pensais que c'était un truc de femmes et que, quand les gens entrent dans leur magasin préféré, ils ne pouvaient s'empêcher de dépenser 200 ou 300 $. Mon préféré était les magasins d'artisanat, où j'allais chercher du papier de couleur mais je finissais par acheter des meubles, du tissu, des cadeaux, de la papeterie et plus encore. Il s'avère que pendant une période maniaque, mon cerveau désactive beaucoup d'inhibiteurs qui me disent quand je « passe à l'acte » ou que je prends des décisions que je ne prendrais pas habituellement. Je sais maintenant que je dois garder un œil sur ces périodes maniaques, car elles peuvent être un peu dangereuses - et pas seulement pour mon compte bancaire. Je suis plus susceptible de conduire trop vite ou de griller des feux rouges alors que je suis généralement un conducteur très prudent, boire trop lors de fêtes quand je ne bois pas et faire des choses dans la maison sans penser à ma sécurité (comme mettre une fourchette dans le grille-pain sans l'éteindre parce que mon toast est coincé). Une grande chose à propos d'être imprudent est que je ferais quelque chose "sur l'impulsion du moment". Ne pas aller prendre le petit déjeuner ou aller à la gym. Plus comme explorer une forêt et marcher jusqu'à ce que je ne puisse plus marcher, puis appeler ma famille pour leur faire savoir où je suis et qu'ils viennent me chercher parce que je suis perdu et que je ne peux pas rentrer à la maison. Aussi, adoptez un chien, puis conduisez toute la nuit pour que je puisse le rencontrer dès que possible. puis appelle ma famille pour leur faire savoir où je suis et qu'ils viennent me chercher parce que je suis perdu et que je ne peux pas rentrer à la maison. Aussi, adoptez un chien, puis conduisez toute la nuit pour que je puisse le rencontrer dès que possible. puis appelle ma famille pour leur faire savoir où je suis et qu'ils viennent me chercher parce que je suis perdu et que je ne peux pas rentrer à la maison. Aussi, adoptez un chien, puis conduisez toute la nuit pour que je puisse le rencontrer dès que possible.
4. Ressentir des émotions plus intensément que mes amis.
J'ai toujours su que je ressentais les choses différemment de ma famille et de mes amis. Un film pour enfants PG me laisserait un gâchis blubbery tandis que mes amis s'ennuyaient raide. Un reportage sur un politicien corrompu ou un rassemblement écologiste me mettrait dans une crise de rage et je ne montre pratiquement aucun type de colère. Je me souviens être sorti d'une réunion du personnel en me sentant tellement bouleversé et cru. J'avais l'impression que le directeur m'a attaqué pendant toute la réunion et je n'ai pu tenir le coup que jusqu'à ce que je sois de retour dans mon bureau. Mon meilleur ami m'a suivi et n'arrivait pas à croire ma réaction. « Jane… elle ne t'a pas attaqué ! Elle donnait à toute l'équipe des commentaires constructifs », a-t-elle répondu à la réunion. Une petite partie de moi savait qu'elle avait raison, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir si irritable et en larmes. Sachant ce que je fais de mes symptômes bipolaires maintenant, peut-être vivais-je un épisode « faible » ou dépressif, ou mon bipolaire me rendait irritable ce jour-là. Je lisais si profondément dans les événements et j'arrivais à une conclusion et à une réaction illogiques, ce qui confondrait, ennuyerait ou effrayerait mes amis et ma famille car ils ne pouvaient pas vraiment comprendre pourquoi je me sentais comme j'étais. J'ai aussi eu du mal à comprendre pourquoi je me sentais comme ça.
5. Avoir une signification ou une signification particulière dans les éléments (ordinaires).
Pendant une période « up » ou maniaque, on me dit que certaines de mes croyances sont un peu étranges et que j'ai perdu contact avec la réalité. Je devenais fasciné par les images d'art dans les livres et les peintures ou certains objets que les gens me donnaient. Je me souviens, quand j'étais adolescent, d'avoir trouvé un livre sur les dragons et d'avoir expliqué à mon ami comment les couleurs se mélangeaient dans les images. Mon ami m'a dit que j'étais un nerd et m'a laissé me pencher seul sur les photos. Plus tard, j'ai dû photocopier le livre pour pouvoir « posséder » ces images. Je fais encore quelque chose maintenant où je dois avoir une copie papier de livres ou des pages imprimées d'une peinture afin que je puisse "posséder" quelque chose "d'inpossérable"— une idée ou un sentiment que l'image ou l'image m'a donné. Je pense que c'est un sentiment similaire à mes virées shopping, où mon trouble bipolaire me donne envie de collectionner des sentiments ou des idées.
6. Chanter sans raison.
Je chantais à l'école et j'adorais ça. Le chant a été et sera toujours un exutoire pour moi. Cependant, pendant une période d'humeur « basse » ou dépressive, je ne peux pas. L'inverse se produit pendant une période "high" ou maniaque. Je chante, chante et chante et je ne peux pas m'arrêter. Je chante bonjour à ma famille. Je chante bonjour à mes chiens. Je chante bonjour à mes plantes. Je chante bonjour à mon patron. Si vous êtes un de mes amis proches, je vous ferai une sérénade au bureau en guise de bonjour ou d'au revoir. Il pourrait même y avoir de la danse ou des accessoires. Vous obtenez l'image. Mes amis m'ont demandé ce qui me pousserait à chanter pour eux, et je n'ai pu que répondre : "J'en avais envie." Maintenant, je sais que c'est l'un des grands indicateurs de mon état d'esprit. Surtout si je ressens le besoin de danser.
7. Fatigue ou manque d'énergie.
C'est quelque chose avec lequel j'ai lutté pendant des lustres. C'est un signe de mes périodes dépressives — lorsque j'ai des sentiments de désespoir, de manque de concentration et que je n'ai pas envie de faire les activités qui me procurent habituellement de la joie. Non seulement cela a un impact significatif sur mes activités quotidiennes, mais sur mon bien-être en général. Mon médecin m'a informé que parce que j'avais un trouble bipolaire depuis que j'étais adolescent et qu'il n'était généralement pas traité, il devenait plus fort. Et cela pourrait être dangereux lorsqu'il s'agissait d'un trouble bipolaire de type 2. À mesure qu'une personne bipolaire vieillit, le trouble a tendance à avoir des périodes plus longues et plus intenses de la phase dépressive. Cela signifie mes larmes récentes, ma léthargie et mes pensées d'automutilationétaient liés à mon bipolaire. J'étais alarmé que bipolaire s'aggrave plus il reste longtemps non traité. J'ai d'abord vu mon médecin sous un diagnostic de dépression, et il m'a dit que beaucoup de troubles bipolaires de type 2 sont diagnostiqués à tort comme une dépression. Le plus grand signe que j'étais bipolaire et non dépressif était que mes médicaments n'étaient pas très efficaces, surtout lorsqu'il s'agissait de gérer ma fatigue et mon manque d'énergie.
8. Avoir des membres de la famille bipolaires.
Le dernier ici est un grand. J'ai un oncle atteint de trouble bipolaire, et ma famille et moi avons longtemps pensé que le bipolaire n'était pas héréditaire. Non. Maintenant, nous devenons plus conscients de qui l'a, car le «gène bipolaire» est définitivement présent dans ma famille. Il existe un mythe selon lequel si vous avez quelqu'un qui vous est apparenté et qui est bipolaire, vous êtes également bipolaire, et c'est faux. Les scientifiques pensent que vous avez besoin du gène, des facteurs environnementaux et des facteurs de stress pour que le gène se développe réellement dans le trouble bipolaire. Mais les pourcentages sont assez élevés si vous connaissez un membre de la famille qui en est atteint. Les recherches suggèrent qu'il se situe entre 5 et 10 % pour un parent proche et entre 40 et 70 % pour un jumeau. Je n'avais aucune idée que j'avais un trouble bipolaire, donc si vous connaissez un membre de la famille qui en est atteint, ce serait peut-être une bonne idée de vérifier votre santé mentaleavec un médecin.
Voilà donc ce que je sais jusqu'à présent. Le trouble bipolaire de type 2 est une maladie chronique avec les signes ci-dessus comme indicateurs de l'état de mon humeur. Cependant, j'ai un nouveau médicament qui aide à niveler les extrêmes des épisodes maniaques et dépressifs. Mon objectif est maintenant d'apprendre à vivre ma meilleure vie, maintenant je sais que mes petites "bizarreries" dans mon cerveau ont un nom. La plus grande leçon que j'apprends est un message de mon médecin : J'ai un diagnostic, mais je ne suis pas mon diagnostic. Je suis toujours une personne qui mérite d'avoir une vie pleine, saine et productive.
J'espère que cet article vous aidera également à vivre le vôtre.
Jeanne

Argos 2001 Doubs Franche-Comté

E-café Sam. 27 mai 2023 10h-12h